Ayez pitié… De moi…
Chapitre 2
Dans ma tête, c’est la panique. Qu’est-ce que je peux faire ? Mais qu’est-ce que je fais ??! M’a-t-elle vu l’observer ? Va-t-elle appeler les flics ? Voire, même le dénommé “Morgan” ?
Bon sang, quelle idée aussi, de rester à une fenêtre pour mâter une femme qui se caresse sur son canapé. Je suis dans la merde, moi, je suis foutu. Dans quoi je me suis embarqué, encore ?!
Allez, reste calme, contrôles-toi, car si tu te caches maintenant, elle saura immédiatement ce qu’il en est. Allez, reprends-toi, tout va bien… Inspire, expire… Inspire, expire…
Ce n’est que lorsque j’entends la deuxième porte s’ouvrir, que je me rends compte à quel point j’étais perdu dans mes pensées, pour ne pas m’apercevoir du fait qu’elle s’était levée pour s’approcher.
A peine mes yeux se posent sur elle, que je me fige instantanément sur place, tellement, le tableau devant moi, est empreint d’érotisme.
Se tient à quelques pas de moi, une jeune femme des plus sublimes, vêtue d’une longue robe, façon kimono noire ornée de roses rouges bordeaux. Le tomoeri, c’est-à-dire le col, ainsi que la ceinture, sont de la même couleur que les motifs. Yuki, les manches, elles, sont longues et se font de plus en plus évasées au niveau des poignets.
La robe traditionnelle est déjà magnifique, mais le côté fendu au niveau de la jambe droite, la rend davantage plus sensuelle. Celle-ci est mise en valeur de par la position qu’elle adopte, laissant entrevoir sa jambe recouverte d’un bas noir décoré de dentelle rouge, au niveau de la bande qui doit être auto-fixante, si l’on se fie à l’absence de porte-jarretelle…
Debout, avec ses sandales rouges à hauts talons d’une dizaine de centimètres, elle m’arrive au niveau du menton. Elle n’est pas très grande, mais je préfère avoir une femme un peu plus petite que la moyenne, afin de pouvoir plus facilement l’envelopper de mon corps.
Son visage exprime à la fois la surprise et le sérieux, mais cela contraste avec la gêne que l’on perçoit légèrement dans son regard presque fuyant, et le rouge de ses joues, que l’on aperçoit généralement, suite au réveil d’une beauté, d’un sommeil érotique ou qui vient de succomber au plaisir.
C’est là que cela me frappe, de toute ma vie, c’est la première fois que je suis autant touché par ce qui émane d’une femme, suite à cet acte si intime qui se partage qu’avec notre partenaire, notre moitié…
J’avouerai même ne l’avoir jamais aperçu sur mes différentes petites amies, ou sur mon ancienne compagne. Mais elle, elle est capable de dévoiler une telle expression de femme comblée, et cela, toute seule, alors je n’imagine même pas ce qu’il en est, lorsqu’elle doit être avec sa moitié, la personne à qui elle s’offre.
-Bonjour, puis-je savoir qui vous êtes et ce que vous venez faire ici ? me demande une voix des plus douces, me sortant de mes pensées.
-Bonjour, pardonnez-moi, je suis Sam, j’ai rendez-vous aujourd’hui avec un certain Morgan. lui répondis-je, tout en prenant garde à ne rien laisser paraître sur mon indiscrétion ou sur ce qui se passe dans ma tête.
La voici qui se détend, m’offrant un splendide sourire sincère avec ce que je dirais, une pointe de moquerie. Aurais-je loupé quelque chose ? M’aurait-elle remarqué tout à l’heure à la fenêtre ? L’appréhension me gagne lentement, mais je remercie mon boulot de m’avoir appris à garder mon calme en toute circonstance, car sinon, il est fort probable que n’importe qui à ma place, se serait enfui, en la plantant là.
Un rire s’échappe d’elle, me prenant par surprise. Etonné, je la regarde un peu désorienté.
-Je suis désolée, je n’aurais pas dû rire, je me présente, Morgane, avec un e. Il est vrai qu’il peut être trompeur, ce prénom. me dit-elle, toujours avec ce beau sourire. Enchantée de vous accueillir dans ma demeure. ajoute-elle avec un clin d’œil. Je vous en prie, entrez.
Ouvrant la porte en grand, elle me fait signe de passer devant elle. J’obéis automatiquement, après tout, il s’agit de mon “employeur” durant les deux semaines à venir. J’ai déjà suffisamment gaffé, inutile d’en rajouter davantage.
Elle me suit, refermant la porte derrière nous et m’invite à m’installer sur le canapé. Ce même canapé sur lequel, je l’ai vu se caresser il y a quelques minutes.
Bon, vas falloir que je m’abstienne de toutes pensées déplacées, même si cela risque d’être très compliqué, mais pas pour autant impossible. Je devrai y arriver, enfin… Je crois…
Tandis que je réfléchis à l’endroit où m’asseoir, elle s’installe à l’endroit même où je l’ai aperçu tout à l’heure, ce qui ne me facilite pas du tout la tâche.
Pour ma part, j’opte finalement pour la méridienne du canapé d’angle, tout en veillant à ne pas trop fuir son regard, afin d’éviter tout doute ou un éventuel malaise.
Un petit silence, qu’elle interrompt en se levant, me demandant si je désire un café, un thé, un jus de fruit, voire, même, quelque chose à manger.
Je lui réponds que ne sachant pas comment les choses allaient se passer, j’avais déjà pris le temps de manger en quittant le boulot, avant de venir au rendez-vous, mais qu’un café serait avec plaisir.
Me souriant de nouveau, la voici qu’elle part en direction de la cuisine, disparaissant alors de mon champ de vision. Je profite de son absence pour me détendre un peu, afin que le reste de l’entretien soit plus… On va dire plus décontracté.
Alors que j’entends la machine à café se mettre en marche, je consulte rapidement mon portable. Il est 19 h 30, et une notification qui m’indique un nouveau message. Baptiste, l’ami, sans lequel, je ne serais pas dans cette situation des plus gênantes.
Il ne faut que quelques minutes avant qu’elle ne revienne dans la pièce avec un plateau qu’elle dépose sur la table basse, située devant le canapé, avant d’en faire le tour pour reprendre sa place sur celui-ci.
De nouveau installée, elle saisit une tasse, qui je crois, doit être personnalisée, si l’on en juge la photo que l’on y voit d’elle. En effet, même si son visage est recouvert d’un masque qui lui va mystérieusement bien, on arrive sans peine à la reconnaître grâce à sa silhouette et à son regard.
Sur la photographie, on l’y aperçoit dans une magnifique robe rouge bordeaux au décolleté plongeant, à genoux, jambes écartées, adoptant une attitude séductrice. La scène où d’une main elle offre à notre vue, l’un de ses seins sublimes, tandis que l’autre remonte le bas de sa robe, dans une silencieuse et délicieuse invitation.
Non, sérieux, c’est une caméra cachée. C’est pas possible, c’est une blague…
Remarquant mon expression, elle baisse la tête vers l’objet en question et se fige. Toute rouge et toute embarrassée, elle s’excuse de l’erreur commise. La tasse étant magique et se dévoilant qu’à la chaleur, elle n’avait pas pensé une seule seconde au fait qu’elle avait pris une de ces tasses-là…
Euh… Quelqu’un pourrait-il me dire pourquoi j’ai l’étrange sensation que ce n’est pas la vérité…?
J’ignore pourquoi, quelque chose me perturbe, mais je vais tout de même lui laisser le bénéfice du doute.
Voyant que je ne la prends pas pour boire, elle me propose d’aller m’en préparer un autre dans une tasse normale.
Je la rassure tout de suite, lui répondant que cela ne sera pas nécessaire et lui faisant un compliment au sujet de l’image sensuelle pour détendre la situation.
Gênée et rougissante, elle marmonne des remerciements, puis change de sujet en plaçant un petit récipient de sucre, trois petites assiettes garnies de fines tranches de pain avec, sur certaines, du chocolat, d’autres du beurre et du sucre ainsi que des natures.
Elle saisit des deux mains, une autre tasse, l’apporte à son visage, juste en dessous de son nez, qui à l’odeur qui s’en échappe, doit être remplie d’un bon chocolat chaud.
Approchant lentement celle-ci à sa bouche qui s’ouvre légèrement pour en boire une gorgée, elle pousse un soupir ravi, la rendant à cet instant, aussi adorable, attendrissante qu’une enfant.
J’attrape donc mon café, que je savoure tout en observant discrètement, cette curieuse femme.
Une petite tranche de pain nappée de beurre et de sucre, elle plonge alors son breuvage avant de venir mordre dedans, faisant ainsi, couler un peu de liquide sur ses doigts qu’elle vient lécher du bout de sa langue.
Surpris par ce geste érotique, je m’étouffe en avalant de travers. Inquiète, elle dépose tout avant s’approcher de moi, me questionnant tout en tapotant le dos.
Sa proximité, son odeur, son toucher me transportent aussitôt.
Relevant la tête vers elle, mon regard plonge directement dans le sien. J’ignore totalement ce qu’elle a pu lire dans le mien, mais ses lèvres viennent se poser sur les miennes.
Un doux baiser, qui s’intensifie lorsque je repense à tout ce qui s’est passé plus tôt.
Ses mains sur mes épaules, elle vient s’installer à califourchon au-dessus de moi, tandis que j’entoure sa taille des miennes.
L’échange se fait plus passionné. Je sens monter peu à peu l’excitation au rythme de ses soupirs et gémissements.
Je la colle contre moi, faisant frotter son entrejambe sur ma virilité grandissante, lui soutirant un petit cri de surprise.
D’un coup, elle interrompt cet échange, pour reprendre sa respiration.
-Je vais vous montrer où se trouve votre chambre pour les deux semaines à venir. me murmure-t-elle à l’oreille.
Elle s’enlève de sur moi pour se mettre debout, m’invitant à la rejoindre. Je la suis dans les escaliers menant à l’étage.
Arrivés devant une porte qu’elle ouvre, nous voici donc, dans ma future chambre à coucher.
La tension, l’attirance que nous éprouvons est toujours aussi forte. Je ne sais pas s’il en est de même pour elle, mais mon corps me pousse à poursuivre cette découverte de l’autre.
Je l’effleure du bout des doigts, tout en approchant mon visage de son cou, soufflant doucement avant de parsemer de petits baisers, la faisant gémir.
Me stoppant de nouveau dans ma lancée, elle me regarde, sérieuse…
Je suis vraiment ravie de vous avoir choisi, vous m’inspirer à un tel point, vous ne l’imaginez même pas. Mais je dois vous avouer que c’est la première fois que je rencontre et embrasse quelqu’un comme vous. Je ne pensais pas qu’un homme qui aimait les hommes, pouvait réagir face à une femme, j’ai été surprise. Vous savez très bien jouer le jeu ! Je vais à présent vous laisser vous installer confortablement et tranquillement, je vous dis à demain pour débuter notre véritable collaboration. Je suis impatiente.
Finie, elle quitte la pièce sans même se retourner, me laissant là, comme un pauvre con stupéfait, sans même me laisser le temps de lui répondre.
Ayez pitié… De moi… Chapitre 3