Choisis-moi… Chapitre 13
De nouveau dans la cuisine, je vois une Aylie toute paniquée, qui s’efforce d’éloigner, à l’aide d’un torchon, la fumée du détecteur avant qu’il ne se mette à sonner.
Après avoir pris quelques bonnes secondes à l’observer dans cet état des plus charmants, je me décide à lui donner un petit coup de main.
Je m’approche lentement d’elle et c’est tout contre cette adorable et désirable femme toujours vêtue d’un simple tablier que je tends les bras vers le haut pour retirer le détecteur de fumée.
Mon regard croise le sien lorsque je baisse la tête. L’expression qu’elle affiche, la rend tellement attendrissante que je dois me retenir de déposer sur ses douces lèvres, un tendre baiser que je meurs d’envie de lui offrir.
Après toutes les révélations que je lui ai faites, je doute sincèrement qu’elle ait envie que je la touche ou même que je l’embrasse.
Je me résigne donc, baissant la main que j’avais levée sans m’en rendre compte à quelques centimètres de sa joue, puis me dirige vers la fenêtre pour l’ouvrir afin d’aérer la pièce.
-Je… Je te jure que d’habitude, je ne suis pas aussi tête en l’air. Je suis même une très bonne cuisinière. me dit Aylie d’une toute petite voix gênée.
Étant de dos, je me permets un sourire amusé avant de me retourner. Évidemment, quand je me retrouve face à elle, je la vois qui prend un air faussement vexé à la vue de mon sourire toujours présent.
-Ah non, et voilà que tu te moques de moi, maintenant ! s’exclame-t-elle en affichant une petite moue boudeuse.
Je ne peux m’en empêcher, j’éclate de rire. Et là, une pensée me vient à l’esprit. Agit-elle ainsi pour détendre l’atmosphère suite à notre échange de tout à l’heure ?
-Pour éviter tout risque d’incendie dans l’appart, on pourrait peut-être commander quelque chose à se faire livrer ce midi, non ? demandé-je d’un air taquin tout en arborant un grand sourire.
-Et tu oses en rajouter ?! me rétorque-t-elle tout en s’efforçant de réprimer, tant bien que mal, un sourire qui ne demande qu’à sortir. Bon, d’accord, j’abandonne, je sais bien que je ne suis pas du tout crédible. continue-t-elle le visage illuminé. Va pour commander quelque chose, ça fait longtemps. De quoi as-tu envie, toi ?
-Mmmm… Prends ce qui te fait le plus envie. Fais-toi plaisir, c’est moi qui invite. lui répondis-je avant de remarquer qu’elle s’est figée, les yeux scintillants.
Instantanément, je l’imagine façon cartoon avec de la bave qui coule de sa bouche, les yeux qui scintillent tandis qu’une petite bulle apparaît au-dessus de sa tête, faisant défiler tous les plats de ses pensées.
J’éclate de rire à cette image, la surprenant et la faisant revenir à la réalité.
Alors qu’elle me questionne discrètement du regard, je me dis qu’il vaudrait mieux ne pas lui dire la raison de mon éclat de rire. Elle risquerait d’être vexée.
-Ce n’est rien, juste une pensée amusante qui m’a traversé l’esprit un instant. Bref… Je vais aller chercher mon ordi si tu veux qu’on commande. lui dis-je en m’éloignant en direction de ma chambre avant qu’elle ne puisse ajouter quelque chose à ce sujet.
À mon retour, je la retrouve confortablement installée sur le canapé, mais cette fois, elle affiche un air songeur. Est-il possible qu’elle soit en train de repenser à ce que je lui ai dit tout à l’heure ?
Après tout, il est normal qu’elle se pose des questions sur la finalité de cette histoire suite à toutes les révélations que je lui ai faites. Surtout que j’ai été coupé avant de pouvoir la terminer.
Arrivé près de la table basse qui nous sépare, je dépose mon ordinateur face à elle, afin qu’elle puisse chercher un restaurant ou un fastfood dans lequel commander tout ce qui lui plaira.
Alors qu’elle s’active dans sa recherche, je m’installe à l’autre bout du canapé et l’observe, amusé par toutes les expressions qui défilent sur son visage.
Totalement concentrée sur sa tâche, elle ne fait absolument plus attention à moi. Je vois que la citation » Le véritable chemin pour toucher le cœur d’un homme passe par son estomac » n’est pas seulement valable pour les hommes. D’après ce que je constate, cela fonctionne également sur les femmes, en particulier celle qui se trouve juste devant moi.
Je repense alors à sa réaction « cartoon »qui m’a bien fait rire tout à l’heure.
Elle semble tellement différente de la plupart des autres femmes. Rien à voir avec celles qui font sans cesse attention à ce qu’elles mangent. Elle est naturelle et ne se préoccupe pas un instant de ce que je peux penser d’elle.
Elle a l’air de vivre comme elle l’entend, se moquant du regard des autres. C’est à la fois surprenant et non, car il est vrai que nous avons tous, durant une partie plus ou moins longue de nos vies, vécu ou agit en fonction de ce que les gens autour pouvaient bien penser de nous.
Même si à présent, je me rends compte à quel point cela est si insignifiant, je dois admettre qu’il y a eu une période durant laquelle cela a eu une très grande importance, au point de chambouler mon existence toute entière.
-Ah mince, j’en ai trop pris, c’est ça ? me parvient une douce voix.
Je secoue la tête afin de revenir à la réalité, puis me tourne vers Aylie qui semble un peu paniquée.
-Je te demande pardon, j’étais dans mes pensées. Tu disais ? lui dis-je, désolé.
-Eh bien, j’ai fini de choisir et j’ai peur que cela en fasse trop. me répond-elle toute mignonne.
Je lui adresse donc un tendre sourire qui l’apaise aussitôt.
-Je te l’ai dit, fais-toi plaisir et prends tout ce qui te fera plaisir.
-Bien, alors j’ai terminé de remplir mes paniers. s’exclame-t-elle toute joyeuse.
C’est fou, on dirait presque une enfant. Elle me fait rire et sourire, sa compagnie est si agréable…
Attend, j’ai bien compris, elle a dit”mes paniers” ? Alors que j’essaie de visualiser tout ce que cela implique, elle m’interrompt.
-Vas-tu te commander quelque, toi aussi ? me demande-t-elle, une petite pointe d’impatience dans la voix.
Esquissant un sourire à la fois tendre et moqueur, je lui tends ma carte afin qu’elle puisse passer ces commandes avant de regarder pour moi.
-Euh… Tu ne vas pas vérifier ce que je prends avant de me donner ta carte ? me questionne-t-elle, réellement surprise.
-Non, je t’ai dit de prendre tout ce qui pourrait te faire plaisir et que je t’invitais. lui répondis-je, sérieux.
Après quelques secondes de réflexion, elle saisit enfin ma carte pour procéder au paiement.
-Ah mince, j’ai besoin de ton téléphone pour le code de confirmation. m’informe-t-elle.
Je me lève, retourne dans ma chambre afin de récupérer l’objet en question, puis revient dans le salon, le déverrouille avant de lui tendre sans même un regard sur l’écran.
Elle valide donc son achat, puis retentit deux autres sonneries. Elle ouvre les messages puis confirme de nouveau sur deux sites différents. Mais sur combien de sites a-t-elle pu commander ?!
Levant les yeux de l’ordinateur, la voici qui me regarde toute heureuse en s’écriant :
-Et voilà, c’est fait ! Je suis impatiente de manger, j’ai faim !
Me voici de nouveau pris d’un fou rire. Il lui en faut peu pour être heureuse et comblée. Bon sang, elle est unique cette femme !
Alors que j’attrape mon ordinateur pour me commander un petit quelque chose pour l’accompagner, je sens son regard posé sur moi.
Je redresse donc la tête dans sa direction.
-Eh bien vas-y. Pose-moi cette question que tu meures d’envie de me poser. Je te répondrai.
…