Protège-moi de mon cœur… Chapitre 4
C’est sur une plage déserte, les jambes submergées par les vagues, qu’Eylie se réveilla, à moitié consciente.
Clignant plusieurs fois des yeux, pour vérifier qu’elle ne rêvait pas, elle se rendit compte qu’elle était belle et bien vivante.
Envahie d’une immense joie, d’avoir non seulement échappé au pire avec ce monstre qu’était son père, mais en plus, elle n’avait pas succombé à la chute. Finalement, peut-être que la vie ne l’avait pas abandonné…
Elle se sentait chanceuse… Car à travers ce miracle, c’était comme si on lui avait offert une occasion de tout recommencer. Une seconde existence totalement différente, dont elle seule aurait le contrôle de son avenir.
Elle essaya tant bien que mal, de se lever, malgré son corps tout engourdis, explorant du regard, les environs, à la recherche d’un quelconque indice sur l’endroit où elle se trouvait, voire si elle apercevait quelqu’un.
N’apercevant absolument rien d’autres que des arbres à perte de vue, et éprouvant de la peur à s’enfoncer à travers les bois, elle décida de longer la plage jusqu’à ce qu’elle trouve une route, des habitations, des personnes…
Elle se mit donc en marche, occultant l’état de fatigue dans lequel elle se trouvait.
Pas après pas, les secondes, les minutes défilaient et toujours rien… Elle commençait à désespérer et c’est alors qu’elle se souvint du cadeau qui lui avait été donné, et qu’en conséquence, elle se devait de se battre et de ne pas abandonner.
Elle continua d’avancer, faisant quelques pauses de temps en temps pour se reposer. Et c’est là que quelque chose attira son attention.
Au loin naviguant sur les eaux, une barque avec trois passagers venait de l’apercevoir et se dirigeait dans sa direction.
Soulagée, la jeune femme se posa sur le fin sable chaud, attendant l’arrivée de ses sauveurs.
…
Cachés dans les taillis et les bois, Duncan MacGregor et ses hommes attendaient déjà depuis plusieurs jours et nuits, la barque de ces mercenaires qui venaient piller les petits villages sans défense, tuant les hommes, avant de s’en prendre aux femmes, les violant encore et encore, leur promettant de revenir, avant de s’enfuir avec tout ce qui pouvait avoir de la valeur,
Dès le premier massacre, Duncan avait juré de venger toutes ces pauvres vies arrachées, toutes ces femmes abusées qui ont préféré rejoindre leurs hommes dans la mort, laissant leurs enfants seuls et livrés à eux-mêmes.
En effet, cela faisait déjà un moment qu’il attendait ce jour, avec une grande impatience. Alors quand l’un de ses hommes est venu lui rapporter, qu’ils avaient enfin découvert quand et où ces mercenaires devaient revenir, il ne lui fallut pas longtemps pour rassembler une petite partie de ses troupes et partir à leur rencontre.
Il guettait l’horizon, lorsque dans son champ de vision, il vit une jeune femme, vêtue d’une étrange façon, faire des signes en direction de la barque avant de se poser sur le sable fin.
Il n’en revenait pas, qu’une femme puisse s’allier à ces monstres sans cœur. La main sur son épée, il était prêt à réclamer vengeance.
Le petit navire venant d’accoster, il ordonna à ses hommes de se tenir prêt, mais de n’intervenir que lorsqu’il en donnera l’ordre.
La jeune femme venait de se lever pour aller à la rencontre des trois mercenaires. Trois, au lieu de la vingtaine, il se dit que cela importait peu, ceux-là serviraient de mise en garde, et peut-être en garderaient-ils un ou deux en vie, pour lui ou leur soutirer des informations.
Surpris, il vit l’inconnue qui reculait, alors que les trois barbares avançaient vers elle, un air salace sur leur visage s’éloignant les uns des autres, dans le but de l’encercler.
S’était-il donc mépris sur l’alliance qu’il pensait qu’ils entretenaient ?
Ne voulant pas se tromper de nouveau, il décida d’attendre de voir comment les choses allaient se dérouler avant d’intervenir.
Il comprit rapidement lorsque Eylie souleva sa jupe, pour saisir sa dague et la pointer vers ses assaillants, qu’elle n’était pas des leurs…
Voyant que cela ne les arrêtait pas, elle retourna le poignard vers elle, leur montrant qu’elle mourrait avant qu’ils ne puissent faire quoi que ce soit. Malheureusement, elle ne pensa pas une seule seconde que ces monstres étaient plus rapides qu’elle.
Avant qu’elle n’ait pu faire le moindre geste, l’un d’entre eux se jeta sur elle pour l’attraper, elle se défendit comme elle le pouvait, mais il était bien trop fort.
Duncan fou de rage, n’attendit pas que le pire arrive, il était bien décidé à sauver cette jeune femme, à défaut de ne rien avoir pu faire pour les autres.
Bondissant hors de sa cachette, il vint prendre par surprise le premier qu’il assomma de toutes ses forces, avant de s’attaquer au deuxième qu’il planta le ventre de son épée.
Se tournant vers le dernier qui était trop occupé à essayer de contenir la jeune inconnue, il arriva à toute vitesse derrière lui, son épée au niveau du cou, lui signifiant qu’au moindre geste, il n’hésitera pas à lui trancher la gorge.
Il le força à se lever, puis l’écarta de la pauvre innocente. Avant de lui donner un coup qui le fit tomber.
Rengainant son épée, il s’approcha de la jeune femme toute tremblante, posa sa main sur son épaule, l’effrayant davantage.
Des sanglots entrecoupés de phrases dont il n’en comprenait pas le sens se firent entendre.
Il jura avant de reculer d’un pas, de s’accroupir à son niveau et de lui murmurer des paroles douces et réconfortantes dont elle n’en comprit pas un mot.
Sans savoir pourquoi, Eylie redressa la tête, et ce qu’il vit le frappa. Outre l’incroyable beauté de la jeune femme, il fut profondément touché par la terreur et la détresse que l’on pouvait lire dans ses yeux.
C’est à cet instant, qu’il fut pris d’un terrible besoin de la protéger de tout ce qui pourrait lui faire du mal.
Trop captivé par la jeune inconnue, il ne s’aperçut pas que le premier homme assommé s’était discrètement remis debout pour venir l’attaquer par-derrière… Mais au fond, pourquoi devait-il s’en inquiéter alors que ses hommes veillaient sur lui.
Mais ce que personne ne vit venir, c’est qu’Eylie, terrifiée, poussa Duncan sur le côté, le protégeant ainsi, avant de planter sa dague dans la poitrine de son adversaire qui s’écroula. Elle retira la dague, qu’elle garda toujours fermement agrippé dans ses mains. Elle était sous le choc.
Les hommes de MacGregor sortirent des bois et s’occupaient des mercenaires à terre, tandis que le laird se redressa, s’approchant doucement de la jeune femme, dont les yeux étaient écarquillés et reflétaient une profonde agonie intérieure…
Cela lui déchirait le cœur, mais il dut prendre sur lui, et essaya de lui retirer l’arme des mains, prenant soin de ne pas l’effrayer.
Contre toutes attentes, elle plongea ses yeux sur les siens comme pour y déceler quelque chose. Se détendant, elle lâcha petit à petit sa prise sur le manche, lui laissant la prendre et la ranger dans la sacoche qu’il portait.
Ne sachant pas vraiment comment apaiser sa jeune inconnue, il lui tendit maladroitement la main. Surprise par ce geste, Eylie fondit en larmes, sautant dans les bras de son sauveur, le prenant au dépourvu.
Elle pleura tellement, qu’elle finit par s’endormir dans les bras de son inconnu, qui la porta dans ses bras avant que ses jambes ne la lâchent…
-Qu’allons-nous faire d’elle, Laird ? Demanda Liam en s’approchant de Duncan.
-Nous allons l’emmener avec nous. Répondit-il tout simplement.
-Mais Laird, et si c’était une espionne ?
-J’y ai songé, mais nous ne pouvons pas prendre le risque de la laisser là. Nous l’isolerons le temps de voir si nous pouvons lui faire confiance. Bien, maintenant, préparez les chevaux et la charrette, nous rentrons.
Protège-moi de mon cœur… Chapitre 5