Choisis-moi

Choisis-moi… Chapitre 12

Choisis-moi… Chapitre 12

Voilà, la bombe est lâchée, reste plus qu’à voir si elle va m’exploser à la gueule, mais à en juger par ses yeux écarquillés, je crois bien que c’est terminé.

Je n’ose même pas affronter son regard, cela me ferait trop de mal d’y lire de la peur, du dégoût et tout ce qui va avec. Bordel, je pensais que tout ça était très loin derrière moi et que cet événement ne viendrait plus jamais perturber ma vie.

Pourquoi a-t-il fallu que les choses se passent ainsi ? Et avec elle en plus… Je suis dégoûté. Moi qui avais tout fui pour tout recommencer. Qui, grâce à elle, pensait pouvoir surmonter mon traumatisme et reprendre une vie normale, c’est mort.

Elle ne dit rien, ne bouge pas… Elle doit certainement se sentir sale d’avoir été touchée par quelqu’un comme moi, mais également soulagée de ne pas m’avoir offert sa virginité. À quoi je m’attendais aussi après une révélation pareille ?!

Avant de me laisser gagner par l’émotion, je décide qu’il est temps pour moi de me retirer et de partir d’ici. De toute manière, je doute qu’elle se sente en sécurité après ce que je viens de lui avouer.

Je me lève, tant bien que mal, essayant de ne pas croiser son regard, de peur de craquer psychologiquement.

Je devrais sans doute m’excuser, mais je me ravise, il est préférable. Je ne voudrais pas la mettre davantage mal à l’aise.

Alors que je suis sur le point de disparaître dans le couloir et ainsi, hors de sa vue, je l’entends qui m’appelle.

     -Oui, Aylie ? demandé-je d’une voix presque éteinte, sans même prendre la peine de revenir sur mes pas.

     -Je suis désolée… J’ai beau y réfléchir, je n’arrive pas à croire une seule seconde que tu puisses être ce genre de personne. Tu me diras, c’était il y a sept ans, tu étais certainement différent de celui que tu es aujourd’hui, mais même ainsi, je ne peux le croire… m’annonce-t-elle.

    -Et pourtant, j’ai bel et bien été arrêté pour agression, cela ne changera pas. lui répondis-je alors qu’un pincement au cœur se fit sentir.

     -Alors raconte-moi, s’il te plaît. Aide-moi à savoir ce que je dois faire, car sincèrement, en cet instant, je me sens perdue… me supplie-t-elle.

Je ferme les yeux en prenant une profonde inspiration, puis expire lentement, tout en luttant contre le choix de la fuite ou celle de choisir l’infime espoir que m’offrent ses paroles.

Instantanément, mes yeux s’ouvrent, je sais ce que je veux, ce que je désire. Et là, je refuse de laisser de nouveau mon passé détruire davantage ma vie. J’ai enfin une chance et je veux la saisir avant qu’elle ne m’échappe.

Prenant mon courage à deux mains, je me retourne puis revient sur mes pas jusqu’à m’installer sur le canapé, en veillant à ne pas être trop proche d’elle.

Voyant que j’hésite à me confier. La voici qui me relance.

     -Ian ? Ian, s’il te plaît, parle-moi, raconte-moi.

     -Cela s’est passé lors d’une soirée qu’avait organisé un ami pour son anniversaire. Sa famille possédait un grand chalet sur leur propriété. Il y avait beaucoup de monde, de l’alcool et probablement de la drogue.

Je n’ai jamais été un grand buveur et ce soir-là, je n’ai dû boire que deux verres grands maximum et pourtant, j’ignore pourquoi, je me suis rapidement senti bizarre.

J’ai essayé de trouver un endroit tranquille pour me reposer, mais impossible. Alors, j’ai demandé à mon ami si je pouvais aller m’installer dans sa chambre, chez lui, car là-bas, j’étais certain qu’il n’y aurait personne. J’y suis allé et je me suis couché dans son lit.

J’ignore combien de temps après, cela s’est passé, mais j’ai été réveillé par l’ouverture de la porte. Une jeune femme est entrée, elle s’est approchée de moi et a essayé de m’embrasser. Je l’ai repoussée puis elle s’est évanouie.

J’ai supposé qu’elle s’était trompée de chambre et qu’elle n’avait pas conscience de ce qu’elle faisait. Elle avait l’air d’avoir beaucoup trop bu, mais avec du recul, il n’est pas impossible qu’elle ait été droguée.

Dans tous les cas, étant donné son état et toutes les personnes dans les environs, j’ai trouvé préférable de la faire dormir dans le lit pendant que je dormais sur le clic-clac à quelques mètres.

Le lendemain, on a été réveillé par des cris, un type qui cherchait sa petite amie. Il a ouvert la porte et c’est là que je me suis rendu compte que la fille, qui s’avérait être la petite amie en question, s’était glissé dans ma couchette et qu’elle était nue.

Je me suis attendu à ce que le type s’énerve de découvrir sa copine dans cette situation, mais au lieu de ça, il lui a dit que c’était fini entre eux et il est parti, ignorant totalement ses excuses.

Quelques jours plus tard, alors que je me rends à l’université, je le croise de nouveau et là, il m’en colle une pour avoir violé sa petite amie.

Sous le choc, je n’avais rien compris… Je n’ai découvert qu’elle avait porté plainte pour agression sexuelle que lorsque l’on est venu m’arrêter devant tous mes camarades et professeurs.

Alors que je fais une pause dans mon récit pour ne pas me laisser envahir par ces souvenirs, j’aperçois du coin de l’œil, Aylie qui semble m’observer attentivement. Je me décide à tourner la tête dans sa direction pour affronter son regard.

Je suis surpris, car dans ses yeux, je ne vois ni peur, ni dégoût, mais plutôt un mélange de tristesse et compassion.

Elle se lève, s’approche pour venir se poser à mes côtés, attrape mes mains délicatement.

     -Que s’est-il passé par la suite ? me demande-t-elle calmement.

   -Eh bien, j’ai été interrogé à plusieurs reprises. Mais peu importe le nombre de fois où je clamais mon innocence, personne, hormis ma famille ne me croyait. On ne cessait de me répéter que les types dans mon genre n’admettaient jamais les crimes qu’ils commettaient, que nous étions des lâches qui s’en prenaient à plus faibles.

J’étais totalement d’accord avec eux sur leur vision des violeurs, mais jamais de toute ma vie, je n’aurais pensé qu’on me prendrait pour l’un d’entre eux.

J’ai même eu à faire avec un policier plus brutal comparé aux autres lors des interrogations, mais c’était parce qu’il connaissait la jeune femme personnellement. Il était de la même famille, je crois.

Étant donné qu’elle avait porté plainte plusieurs jours après l’agression, l’examen médical n’a pas été demandé. Et si droguée, elle a été, il avait déjà quitté son corps. Sans réelle preuve, on ne pouvait pas me poursuivre en justice.

Néanmoins, ils ont fait en sorte que cette histoire se répande. Il n’était plus possible pour moi de retourner en cours, ni d’aller faire faire des courses ou se sortir de chez moi sans être sous surveillance de ce policier ou sans me faire agresser par ceux qui étaient convaincus que j’étais un violeur.

Certains venaient même vandaliser la maison de ma tante et de mon oncle. Trois ans auparavant, mes parents sont décédés suite à un accident de la route. Un chauffeur bourré leur est rentré dedans. C’est depuis cet événement tragique, ce sont eux qui ont pris soin de moi.

Je leur dois beaucoup et même si je savais qu’ils croyaient en mon innocence, je n’ignorais pas à quel point la situation était également éprouvante pour eux.

Mais un soir, trois semaines après l’agression, alors que je profitais qu’il n’y ait personne dehors, je suis allé me promener et je suis tombé sur la meilleure amie de la fille. Elle m’a traité de monstre, d’avoir drogué et violé son amie qui était vierge au moment des faits.

Je n’avais rien réalisé sur le coup, mais c’est lorsque je lui ai répété que je n’avais rien fait, que j’ai compris.

Puis l’instant d’après, un flic a débarqué et c’est là que j’ai su qu’il était son parrain. Il était prêt à me mettre en garde lorsque j’ai dit que je pouvais prouver que je n’avais réellement rien fait.

Il s’est stoppé net et m’a demandé comment. J’ai demandé à l’amie encore présente si sa copine était passée à l’acte avec son copain depuis l’incident en priant intérieurement que ce ne soit pas le cas.

Elle a répondu que non, que le gars en question ne voulait pas la brusquer après ce qui lui était arrivé.

Je me suis retourné vers le policier et lui ai donné ma théorie. Si elle était vraiment vierge à cette soirée et qu’elle n’a rien fait avec son petit ami après, elle doit toujours l’être, car lorsque nous avions quitté le clic-clac de mon ami, il n’y avait aucune trace de sang et que même si je l’avais loupé, mon ami m’en aurait informé et passé un savon, car il refuse qu’on ait des relations avec des filles dans sa chambre.

J’ai également rajouté que je voulais que l’on éclaircisse rapidement ce point, car si, en effet, elle est toujours en état d’innocence, alors depuis des jours, ma famille et moi étions persécutés et moi, jugé coupable par tout le monde pour un crime que je n’avais pas commis.

J’ai en quelque sorte exigé qu’on lui fasse passer un examen médical afin d’être sûr et que s’il y avait besoin d’une raison pour la motiver, on pouvait prétendre que j’étais séropositif.

Approuvant mon idée, il décide de la mettre en pratique dès le soir même afin que l’on soit fixé une bonne fois pour toutes.

Au fond de moi, j’étais terrifié par le résultat. Après avoir bu, je me suis rapidement senti bizarre et je ne me suis même pas aperçu qu’elle s’était faufilée dans ma couchette. Je savais qu’il existait une possibilité que quelque chose se soit passé cette nuit-là, mais je refusais d’être un violeur.

J’espérais tellement que cela ne soit pas le cas… Mais…

Une sonnerie retentit, me coupant dans la fin de mon récit.

     -Oh merde, la bouffe ! s’exclame Aylie avant de se précipiter en direction de la cuisine, d’où on voit s’échapper une fumée noire.

Pensant qu’elle pourrait avoir besoin d’aide, je me lève et m’en vais la rejoindre.

Choisis-moi… Chapitre 13

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